En avançant vers le Chœur, l’on découvre les trois mausolées, qui à eux seul, représentent l’un des plus prestigieux travaux des artistes de l’époque.
Quatre cents ouvriers ont édifiés Brou, et la telle précision, finesse dans l’exécution de toutes ces fabuleuses œuvres, méritent bien la plus belle reconnaissance que nous leur devons.
Mausolée de Marguerite de Bourbon.
Le premier mausolée à droite, est placé dans un espace aménagé dans le mur, sous une arcade oblongue sur laquelle différents ornements ont été délicatement travaillées.
La multitude de moulures présentent de nombreux éléments, feuillages, chiffres, rameaux, et marguerites toujours présentes partout, se croisent, s’emmêlent, se désemmêlent, pour se fondre dans d’autres éléments des niches, dans lesquelles l’on voit les statues de Sainte Marguerite, Patronne de la princesse, et Sainte Agnès, Patronne de sa mère. Sur le montant près de sa tête, on voit Saint André et Sainte Catherine, ainsi que de beaux forons qui servent d’ornement.
La statue de marguerite de Bourbon est de marbre de Carrare, le plus beau marbre blanc d’Italie.
Elle est couchée sur une table de marbre noir, vêtue de son manteau ducal, les mains jointes, la couronne sur la tête, le visage tourné vers son fil Philibert, à ses pieds une levrette la garde.
Des génies en plein relief sont placés de part et d’autres de la princesse.
Au-dessous du marbre noir cinq génies et quatre pleureuses d’une grande beauté, sont placées sur une seconde table servant de base au Mausolée.
Mausolée de Philibert le Beau.
Au milieu du Chœur, le Mausolée de Philibert le Beau, un chef d’œuvre de l’art de l’époque.
Il est représenté vêtu de son armure, sur ses épaules son manteau ducal jusqu’aux pieds, sur sa tête la couronne, à son cou le collier de l’Annonciade, et son épée à son coté.
Sa tête repose sur un carreau de riches broderies et le pied gauche sur un lion ; les mains jointes, incliné vers Marguerite de Bourbon, sa mère, en témoignage de la promesse faite à celle-ci, et la tête tournée vers son épouse Marguerite d’Autriche, pour la prier d’exécuter ce grand ouvrage, auquel il n’a pu mettre à exécution.
Le prince est entouré de six génies d’une grande beauté, dans la finesse des traits, comme dans leur posture dénuée de tout habit, que leur a donnée l’artiste.
La table de marbre noir sur lequel repose la statue, est supportée par douze piliers de marbre blanc, qui eux-mêmes sont placés sur une table de marbre noir, servant de base à l’édifice.
Les quatre piliers disposés aux angles du Mausole, sont chargés d’une multitude d’ornements tels que l’on a pu en voir sur celui de Marguerite de Bourbon. Chacun de ces piliers possèdent deux Sibylles, d’une exceptionnelle beauté, et les piliers de chaque sur la même ligne contiennent chacun une Sibylle.
Les arcades sont emplies de décorations aux milieux desquelles l’on y trouve plusieurs fois les initiales des deux prénoms P & M, ainsi que les quatre lettres F. E. R. T. , la devise de la maison de Savoie « Fortitudo Eius Rhodum Tenuitt ». Plusieurs interprétations de cette devise sont données, sans qu’aucune ne soit encore apparemment la bonne.
Au milieu des piliers du tombeau l’on voit le jeune prince mort, étendu sur un suaire, à la différence du dessus ou il est présenté comme vivant. L’effet des piliers engendrent la tristesse en donnant à ce tombeau, l’image de la mort.
Mausolée de Marguerite d'Autriche.
Situé du côté de l'Evangile, il est porté par quatre colonnes, celles de la tête supportant la dernière arcade du Chœur, et également ornées d’une multitude d’ouvrages d’une beauté exceptionnelle.
Le Mausolée est sur le même plan que celui de Marguerite de Bourbon, mais le surpassant en beauté.
Les ornements sont d’une extrême délicatesse, surpassant ceux que l’on a pu voir dans l’autre Mausolée. Une recherche toute particulière dans les mises en forme et la finesse des œuvres, ont demandé à l’artiste un talent tout particulier.
L’on retrouve une corniche soutenue par des rameaux sur laqeulle figure une nouvelle fois ces quatre mots : Fortune, infortune fort une.
L’ensemble du Mausolée supporte une galerie à claire voie, et l’on y voit de nombreux ornements et principalement des marguerites.
Les statues placées sur la colonne près de la tête représentent Ste Marguerite et Ste Agathe, la première foulant aux pieds son amant, la seconde, tenant dans sa main la palme du martyre, et de l’autre les tenailles avec lesquelles on lui arracha les seins.
Sur la colonne droite, au pied du gisant, sont représentés trois figures ; Ste Magdeleine présentant une boite de parfum, St Pierre tenant les clés du Paradis, malheureusement brisées ; la troisième Ste Barbe.
Comme pour son époux le Prince Philibert, la Princesse est présentée par une double exposition de grandeur nature. Le gisant supérieur d’un marbre blanc d’une très belle finesse, repose sur une table de granite noir. Marguerite d’Autriche y est représentée comme vivante, dans des habits de cérémonie, sa chevelure coiffée à l’antique, ceint de la couronne Impériale, repose sur un très beau carreau. La qualité de l’exécution de l’œuvre permet de voir les fins traits du visage, des mains et de la richesse du long manteau qui la recouvre. Ses armes sont tracées sur un écu tenu par deux génies au-dessus de sa tête. A ses pied, allongée, dort du même sommeil une levrette.
La seconde statue exécutée dans un albâtre très fin, reposant sur la table basse de marbre de marbre noir, présente la Princesse après sa mort.
Sa longue chevelure torsadée recouvrant sur ses épaules comme un manteau, encadre son blême visage.
Les pieds nus, le corps modestement recouvert d’une robe des religieuses de l'Annonciadel, dont les plis sont d’un naturel de vérité, dégage de cette image l’expression d’une profonde tristesse voulue par l’artiste, exprimant celui de sa disparition.
Ce n’est pas sans raison que la Princesse est représentée les pieds nus, sur son pied gauche l’on peut observer une cicatrice. L’artiste à désiré rappeler l’accident dont elle eu à subir et qui en peu de temps lui assura un destin funeste.
Voici ce qu’il est dit au sujet de sa mort.
A la mort de son frère, Marguerite d’Autriche quitta le château de Pont d’Ain ou elle aimait y séjourner pour aller en Flandre et en devenir Gouvernante. Avant son départ elle n’en laissa pas moins des ordres pour la réalisation du Monastère et de l’église de Brou, comme le lui avait demandé Philibert. Après plusieurs année, elle désira s’assurer l’état d’avancement dans lequel ce trouvait Brou, malgré la grande confiance qu’elle accordait à son architecte.
Partie d’Anvers, elle arriva à Malines pour y laisser encore quelques ordres avant son départ, fixant la date du 15 novembre 1530, comme date de départ de la Flandres.
Ce jour dit, peu en forme elle demanda à ce qu’on lui apporta un peu d’eau dont elle se servit un verre. Sa demoiselle reprenant le vase de cristal des mains de Marguerite, le laissa s’échapper et lequel se brisa en mille morceaux, un éclat allant se mettre dans la mule de la Princesse.
Se levant cette dernière enfila ses mules et se blessa au pied gauche, mais continua à marcher. La douleur étant plus forte, la Princesse montra la blessure de son pied duquel on enleva le morceau de cristal qui s’y était implanté. L’infection se développa au point que la gangrène s’installa en quelques jours.
Au huitième jour il fut décidé de lui couper le pied, et pour lui éviter une trop grande souffrance ses médecins lui donnèrent une prise d’opium; celle-ci trop importante entrainera la mort de Marguerite d’Autriche, qui avait eu soins de mettre en ordre ses affaires le 28 et 29 novembre, le 30 novembre 1530 elle décéda.
La seule chose digne de foi dans ce récit, est la date de son décès à l’âge de cinquante et un an à Malines.
La Princesse ne verra jamais l’œuvre qu’elle avait commandé, ni à son début ni achevée, hormis la pose de la première pierre du monastère le 28 août 1506.
Son corps fut d’abord déposé au Couvent des Annonciades de Bruges, puis sera transporté à Bourg ou il arrivera le 9 juin. Le 13 juin 1531, eurent lieux les oraisons funèbres prononcées par Anthoine de Saix dans l’église de Brou, le cortège qui l’accompagna durant trois jours, était digne d’une personne de son rang, rassemblant la noblesse et les peuples venus de toutes parts.
En 1858, une commission fut nommée pour rechercher où se trouvaient Marguerite de Bourbon, Philibert le Beau et Marguerite d’Autriche. Les membres de cette commission descendirent dans une crypte dont l’entrée avait été cachée, et constatèrent que si le cercueil de plomb de Philibert était intact, celui de Marguerite de Bourbon, l’était moins, et celui de Marguerite d’Autriche dans un très mauvais état avait laissé échapper des ossements à moitié consumés. Emmanuel de Quinsonnas nous livre dans le procès verbal de reinhumation des trois personnages, le descriptif des travaux, et l’état des ossements des deux princesses, dont ceux de Marguerite d’Autriche qui ne portait aucune trace d’un quelconque problème au pied gauche.
Le Messager des Sciences Historiques ou Archives des Arts et de la Bibliothèque de Belgique, indique dans une même description de la reinhumation des corps, mais à une date différente, celle du 17 septembre 1856..